20.10.08

MOKUHEN

Musique de film mais forcément sans film.. La musique de MOKUHEN sonne comme une profession de foi dépouillée de ses accessoires, dévoile les tourments et les bonheurs de l’auteur, suscite des émotions proches à celles découvertes lors des premières écoutes de Vert (Sonig) ou Greg Davis. Multipliant les effets et les jeux de matières, la musique fragile compose une complainte douce et envoûtante, montrant peu à peu sa complexité entre structures rythmiques minimalistes et programmation ripée sur laquelle on danse de traviole. Un terrain de jeu pour une chorégraphie partitionnée, un plan séquence pédestre, une montée vers les nuages.. Avant de retomber sur le sol ; le nez dans la terre et les mottes d’insectes.

Mokuhen travaille pour le théâtre, les installations de Victor Taba..

myspace.com/mokuhen

4.10.08

SUBOKO


'SUBOKO est né en 2005 sur l'idée dissipée de fabriquer un trio de batteurs ne jouant pas de batterie. Tout ça commence bien. Mon premier s'échappe temporairement de la camisole bruyante d'une secte analcore roumaine perdue en territoire oriental français depuis une quinzaine d'année, mon second remise provisoirement ses dubplates fauchées dans les balloches de Detroit et ses livres de sorcellerie au fond de son laboratoire clandestin, et mon troisième se libère exceptionnellement des notes bleues en ne gardant que le pinot noir et la bonne humeur à toute épreuve de ses multiples orchestres be-bop. SUBOKO s'est construit doucement un véhicule tout terrain à partir de multiples percussions résonnantes, de ferraille rouillée, d'objets recyclés, de platines tournantes, d'électronique pertubatoire et de vieilles cassettes de vacances. L'électro-encéphalogramme trempé dans d'improbables séries Z soviétiques, de ridicules règlements de compte entre cowboys calabrais ou de faux road movies polytoxicomanes en banlieue urbaine, SUBOKO improvise de curieuses figures sonores en déboulant dans des tunnels à fond les gamelles ou en avançant au pas sur des sables mouvants, ou alors en loupant des virages en épingle pour changer subitement de direction et faire du surplace sur des lacs gelés. Lors de son dernier séjour dans un studio d'enregistrement, le trio utilise des fragments de longues improvisations pour proposer une série de plans séquences les éloignant de leur comportement en concert afin de se glisser à l'intérieur d'un climatiseur dégageant des émanations de musique contemporaine perturbés de flatulences gothico-industrielles. Entre l'apnée prolongée et le défoulement désordonné, entre l'horizontalité engourdie et le pilonnage aveugle, SUBOKO cherche obstinément à faire résonner son outillage comme un terrain vague où tout et n'importe quoi pourrait être permis.'

Album sur RITTE RITTE ROSS - Réf : ritteross02
Ritte Ritte Ross est le label de NemNem, cofondateur de Tsuku Boshi

LODZ



LODZ susurre le temps de ce premier album, égraine dans ses chansons mélancoliques, souvenirs d’enfance et histoire familiale. Cet album impose d’entrée son intimité, son côté journal intime cousu de fils d’or dans la pénombre d’une chambre sous les toîts. LODZ, à partir de ses expériences, construit des histoires qui sont autant de contes et de féeries. Charmes nocturnes, promenades en pleine nature sauvage, au bord de l'eau, à l'orée de forêts impénétrables ou dans ses rêves. Mais il y a dans son jeu, sa voix, son écriture, quelque chose de très littéraire et classique.

« Je viens d'une pratique musicale qui est l'interprétation. Et ma façon d'aborder ma propre musique, avec l'ordinateur et le traitement des sons archivés qu'il permet, est structurée par cette pratique de l'interprétariat. J'interprète au sein de ma propre musique : d'abord une culture « classique » à laquelle je fais largement référence, de façon parfois implicite (on trouve ainsi, disséminés, des clins d'oeil à Ravel pour Maror, à Bartók dans East, à Marin Marais dans Hanna rêve…). Il y a aussi des textes poétiques, qui sont là aussi plus ou moins mis en avant et qui me constituent tout autant : Rilke dans Cornette, Apollinaire dans Rhénanes... Il y a du monde, donc, qui s'est caché dans ces morceaux, des références plus ou moins voilées à toute une culture qui m'a construite et que j'essaie d'interpréter à nouveau. C'est à partir de ça que les morceaux sans référence directe ont pu se structurer. »


Il y a l’impression, floue et intrigante, de pénétrer dans son univers par une porte de service et c’est peut-être aussi en cela qu’elle forge sa particularité ... Une plage en parquet comme décor, l'écume et les rouleaux comme rythmique lointaine, un sample de violoncelle et un piano comme ami d'enfance.

« J'ai commencé la musique petite, par une formation pianistique classique. J'ai découvert la musique assistée par ordinateur il y a quatre ans et, tout naturellement, j'ai abordé cela à la lumière de cette formation, qui avait été ma seule façon d’être musicienne jusqu’alors. C'est-à-dire: utilisation du sequencing sur le modèle de la partition, et le fait d'investir dans ma composition des références musicales héritées de mes années de piano. Tout cela dans un petit ordinateur, qui me semblait à la fois intime et effrayant de possibilités.»

LODZ joue donc de sa formation classique et des accidents électroniques, dans un disque où crépitent des mélodies sensibles et malléables, alternées de plans séquences de films noirs. Mais l’interprétation à laquelle elle s’essaie, c’est aussi celle d’une certaine culture juive, qui se glisse insidieusement dans cet album, à travers paroles et titres en yiddish, prénoms et mélodies traditionnelles. Le dernier titre du disque, Maror (le nom des herbes amères servies lors du Seder et symbolisant l’amertume de l’errance) est en cela révélateur.

« Pour moi, ça symbolisait tout autant l'errance dans la musique, dans ces influences encore trop proches et trop lointaines. La question de la difficulté qu’il y a à s’approprier tout héritage, qu’il soit musical, littéraire, familial, pour travailler une forme sienne. Cette forme, ça a été d’abord celle de la chanson (ainsi, les deux titres zhe mir/zhe dire a liedele - pour moi/pour toi une petite chanson), parce que c’était un médium traditionnel, et que j’aime cette musique non écrite, qui questionne notre musique de sons fixés. Mais chanson faussement naïve peut-être, que j’ai toujours voulu filer tout en la fissurant de l’intérieur, par des souffles intempestifs, des erreurs plus ou moins volontaires, des perturbations. »

LODZ s’installe loin de tout, sur un bout de colline, pour imaginer la musique du vent et de ses souvenirs. Voilant la végétation d’une couverture de neige, encombrant le paysage de nuages, sifflant des soupirs et comptant patiemment des murmures, ses chansons s’imposent sur le temps. LODZ se raconte son histoire… où l'on imagine des rencontres avec Leila, Pierre Bastien, Joanna Newsom, Stina Nordenstam ou Colleen.

SEBASTIEN ROUX


Collaborateur de l'IRCAM notamment avec le compositeur Georges Aperghis, instigateur d’une série d'installations sonores intitulées Wallpaper, responsable de nombreuses productions et collaborations applaudies et reconnues, le CV de Sébastien Roux présente bien ! Mais là n'est pas le plaisir..

La facilité pourrait rapidement nous cataloguer Sebastien comme « ingénieur » de Max/MSP, priorisant la technicité et la programmation à l’émotion et la narration. Mais voilà, Sebastien est avant tout un compteur d’histoire. Inventant une pop folk au bord du précipice, extrapolant la musique contemporaine ou acousmatique dans les univers d'Oval ou de Microstoria, chaque production présente une nouvelle facette de son travail…« C’est quelque chose d'assez intérieur, avec un soucis d'éviter la narration classique, ou une logique simplificatrice. »

Nappes traitées, bruits naturels du vent ou de la rue, froissement de harpe ou mélodie de guitare bucolique, la musique de Sebastien fait grand bruit ou écoute le monde qui tourne.« Je ne vois pas de cohérence à notre monde, et je ne peux en proposer une avec ma musique».

Que ce soit dans le duo Heller où il confronte ses manipulations aux traitements de Eddie Ladoiren, dans sa collaboration teintée de pop californienne avec Greg Davis pour le toujours recommandé "Paquet surprise », ou encore « Song » album en forme de clin d'oeil aux musiques dites savantes paru sur le label de Taylor Deupree 12K, Sebastien multiplie les expériences tout en prenant toujours le temps de définir la thématique du sujet traité : « J'ai besoin de savoir de quoi je vais parler, quel va être le problème soulevé dans la prochaine pièce. Difficile de fonctionner sans contrainte. L'étendue des possibles à tendance à me tétaniser. »

Méthode appliquée à nouveau pour le récent album « Revers Ouest*» paru sur Room40. « Le point de départ était de réaliser une pièce radiophonique comme un portrait de la ville de Nantes. J'ai donc accumulé des prises de sons effectuées à Nantes en janvier 2007 mais aussi des textes en rapport plus ou moins direct avec cette ville (La forme d'une ville de Julien Gracq) ou la notion de ville portuaire (Terminal frigo de Jean Rolin) ou encore le texte utopiste de Claude Parent intitulé Les vagues ».

Commande pour le festival d'art sonore SONOR de Nantes, Sebastien y laisse le crachin s’abattre sur le quai de la Fosse. Les narrateurs respirent à poumon timide. Depuis la butte Sainte Anne, on entend les résonances métalliques de la grue Titan jaune des anciens chantiers Dubigeon et la mélancolie griffée d’un ouvrier du port autonome.

Des désirs par bourrasques mêlés à des lieux de solitude ou de voyage, comme des clichés musicaux « où les voix deviendraient matériaux abstraits, halos fantomatiques » dans une ville, décor original.
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« Paquet Surprise » (Carpark Records)
« Pillow » (Apestaartje)
« Songs » (12k)
« Revers Ouest* » (Room40)



Dance video clip co-directed with Ronan Girre, Ray Nakazawa (dance). Music mixed by Greg Davis & Sebastien Roux (dublab.com)

1.10.08

REUTER and BELTER

Déterminisme cut/off et loops hip-hop REUTER and BEUTER s’amuse depuis de nombreuses années à mixer bleeps disparates et breakbeat bondissant, basses rondes et crépitements de radio pirate. Laissant aux autres la paternité d'une grisaille quotidienne, ils préfèrent les ambiances chaleureuses et la joie de vivre. Ces « éminents savants originaires du Lichtenstein et immigrés clandestinement en France. » s’amusent avec la banque de loop de l’international hip-hop, dérapent sur la chaussée glissante électronica, ou emballent le dancefloor de leur amour de l’électro . Abstract à gratter, hit-parade drom Detroit détourné, les prestations et les idées virevoltent, sous l’effet de la plasticosysmine, dans une ritournelle de ricochets. Le professeur Reuter écrit : « Sous l’effet de la plasticosysmine, je me suis retrouvé immergé dans une jungle électronique, habitée de singes crieurs hi-tech et de robots-indigènes peu amicaux. Ces derniers pratiquent d’étranges rituels collectifs sur des electro-rythmes à la fois subtils et barbares. Ils n’aimaient pas mon « look », et m’ont fait subir, à moi et à mon éminent collègue le professeur Belter, toutes sortes de tortures sexuelles dégradantes. » Qu’à cela ne tienne, nos deux savants n’en ont pas pour autant interrompu leurs recherches, ils sembleraient même de plus en plus attirés par le produit. Mais quelle est cette potion ?


Marrying cohesive melody presence with complex beat structures, Reuter and Belter construct their material using acoustic and electronic elements. The music is abstract, non-linear, and free-floating quality. R’n’Bs explorative tendencies prevent them from presenting their pieces as straight 4/4 electro, but such impulses also alienate those listeners wanting an easier foothold. An episodic hoedown that features rambunctious African drumming patterns coupled with electronic glissandi, vibes, talking drum, and acoustic bass, and at one point even spotlights a funky electro rhythm, thereby pointing out the connection between exotic and dance rhythms.

VICTOR TABA

VICTOR TABA, graphiste du label, développe le concept SERENDIPITY , installation du label



SERENDIPITY by VICTOR TABA
http://www.victortaba.com/